Avec Fertiles, l’innovation agricole s’impose sur la scène nationale
Organisé jeudi 26 septembre par le Conseil départemental de l’Eure, l’évènement Fertiles a regroupé agriculteurs, citoyens, représentants des filières énergétiques, chercheurs et politiques pour débattre de la place de l’énergie dans la souveraineté agricole.
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« Redonner une image positive de l’agriculture, montrer que la ruralité vit et créer des espaces de discussion pour l’élaboration de solutions, tel est l’objectif de Fertiles », présente Alexandre Rassaërt. Pour le président du Conseil départemental de l’Eure, il « faut sortir des dogmes qui rendent le débat stérile ».
Jeudi 26 septembre, près de 500 personnes ont ainsi fait le déplacement au Neubourg (Eure) pour débattre de la place de l’agriculture dans notre société, et notamment dans la production d’énergie.
Concilier souveraineté énergétique et alimentaire
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la question de la production de biomasse et son attribution se pose. « Pour décarboner l’énergie, les besoins en biomasse devront être multipliés par trois pour le combustible, par trois pour les biocarburants et par quatre pour le biogaz, souligne Emmanuelle Bour-Poitrinal, ingénieure générale des eaux et forêts et présidente du club des bioéconomistes. Dès 2030, nous aurons un déficit de 20 Mt de biomasse, à régime alimentaire inchangé. »
Dès lors, comment conjuguer souverainetés alimentaire et énergétique ?
Innover « à marche forcée »
Pour Frédérik Jobert, secrétaire général adjoint à la planification écologique au service du Premier ministre, il est nécessaire de « produire davantage » et « d’optimiser les usages en cascade de la biomasse en recyclant certaines parts et en valorisant les coproduits ».
Cela passera en partie par le « développement d’énergies renouvelables qui répondent aux enjeux de décarbonation, de souveraineté énergétique et économique (création d’emplois) », précise Jérôme Mousset, directeur bioéconomie et énergies renouvelables à l’Ademe. « Le principal levier est une innovation à marche forcée avec obligation de résultat », insiste Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables.
Favoriser l’acceptabilité
Mais qui dit innovation, dit aussi accessibilité et acceptabilité.
Ainsi, il est important de ne pas sous-estimer l’effet Puma, « projet utile mais ailleurs ». « La société civile peut ne pas comprendre l’instauration de certains projets parfois inédits, à l’image de l’unité de méthanisation de Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique) qui n’a pas abouti [ndlr : projet Métha Herbauges] », met en garde Léa Sévère, consultante en concertation et communication publique chez Demopolis Concertation.
Du côté de la réglementation, « le principe de précaution en Europe repose majoritairement sur l’acceptabilité sociétale de la future technologie, ce qui peut mener à son interdiction, explique Caroline Rayol, consultante, spécialiste en agro-industrie. Ce qui n’est pas le cas du Brésil où le principe de précaution respecte la jurisprudence mais n’interdit pas le développement de technologies. » Alain Thibault, PDG d’Agriodor, entreprise qui développe des granulés olfactifs répulsifs contre les insectes ravageurs, parle notamment d’un « gâchis européen » : l’UE étant incapable de financer le passage d’une start-up à l’échelle industrielle.
Pour encourager le financement de start-up, la Ferme digitale veut mettre en place un fonds souverain. Elle développe également une plateforme de services, qui agrège l’ensemble des solutions existantes. « Notre objectif ? Que 100 % des agriculteurs puissent adopter au moins dix de nos innovations par an d’ici à fin 2026 », explique Florian Breton, cofondateur de la Ferme digitale et gérant de la plateforme Miimosa de financement participatif pour l’agriculture.
Dans la même veine, le Crédit Agricole entend « faciliter l’achat de crédits carbone générés par les quelque 4 000 agriculteurs français engagés dans le label bas carbone par les entreprises et les collectivités grâce au dispositif de mise en relation Carbioz », indique Dominique Moreau-Férellec, directeur de Carbioz. Il précise que 98 % des crédits carbone achetés en France seraient importés.
Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, a conclu la journée sur une note positive : « Le dérèglement climatique qu’on est en train de vivre va nous aider à bâtir un cap, une ambition pour le monde agricole. Il faut donc libérer les énergies pour innover. »
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